16 décembre 2025 - 282 vues
Dégâts de gibier : le préfet veut « libérer la chasse ».
La Meuse est aujourd’hui l'un des départements français les plus touchés par les dégâts causés aux cultures par le grand gibier. Alors que la tendance est plutôt à la baisse dans les départements limitrophes, le territoire meusien connaît, lui, une situation particulièrement préoccupante. À ce jour, 2 881 hectares de cultures ont été détruits, un niveau proche de celui enregistré l’an dernier, et représentant un coût de plus de 4 millions d’euros d’indemnisations versées aux agriculteurs.
Face à cette situation, le préfet de la Meuse, Xavier Delarue, a tenu à faire un point de situation. S’il se veut relativement optimiste quant aux leviers d’action, il se dit en revanche très inquiet de la gouvernance actuelle de la Fédération départementale des chasseurs de la Meuse (FDC55), qu’il juge défaillante. Le schéma départemental de gestion cynégétique (SDGC) étant arrivé à échéance et aucun nouveau cadre n’ayant été adopté, le préfet appelle à l’organisation rapide d’élections au sein de la fédération, espérées début 2026. À défaut, il prévient qu’une mise sous tutelle pourrait être envisagée.
Dans l’attente de cette clarification institutionnelle, l’État a décidé d’agir. Plusieurs arrêtés préfectoraux ont été pris afin d’assouplir la réglementation et donner davantage de moyens aux chasseurs pour réguler les populations de gibier. Parmi les mesures phares, une disposition innovante concerne les petites chasses arrivées en fin de plan de chasse et confrontées à des coûts supplémentaires liés à l’achat de bracelets. Celles-ci peuvent désormais être placées sous le régime de la « battue administrative », leur permettant de poursuivre les prélèvements sans obligation de bouclage des sangliers, sous encadrement des lieutenants de louveterie. Ce dispositif, déjà expérimenté à Salmagne, Trouville et Nant-le-Grand, vise à maintenir la dynamique cynégétique tout en allégeant les charges financières des sociétés de chasse.
L’objectif affiché est clair : permettre aux chasseurs de chasser davantage et plus efficacement. « Il faut libérer la chasse et simplifier la vie des chasseurs », martèle le préfet, qui souhaite supprimer les restrictions jugées contre-productives dans le futur SDGC. Il souligne également l’engagement de l’État, avec une subvention exceptionnelle de 3 millions d’euros pour aider à faire face à l’explosion des indemnisations.
Si certaines mesures, comme l’allongement de la période de tir de destruction du sanglier, ont montré leur efficacité — près de 2 000 chasseurs volontaires et environ 1 700 bêtes prélevées — d’autres initiatives se heurtent aux limites du cadre légal. Les consignes de tir restent notamment un frein que le préfet souhaite lever.
Parmi les autres décisions prises récemment figurent la simplification du système de bagues pour les cervidés, désormais réparties en seulement deux catégories, ainsi que l’interdiction de l’agrainage des sangliers dans les massifs forestiers les plus touchés par les dégâts. Xavier Delarue a également donné des consignes de tolérance à ses services, notamment en cas de dépassements accidentels ou marginaux des plans de chasse.
Alors que le monde agricole et celui de la chasse sont sous tension, la Meuse se retrouve à un tournant. Entre urgence économique, pression environnementale et blocage institutionnel, l’État affiche sa volonté d’agir rapidement. Reste désormais à savoir si la fédération de chasse saura se réorganiser à temps pour éviter une reprise en main directe par les pouvoirs publics.
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